Poème Numéro Quatre
Marc Bruimaud
À part ça
J’ai toujours été fan
De Mohamed Ali
Enfin Cassius Clay
Ses combats contre Joe Frazier
Putain quels combats
Aussi
Quand je l’ai vu sur l’affiche
Avec ce pauvre Michael J. Fox
Faire la pub pour la lutte
Contre Parkinson
Ça m’en a fichu un coup
J’étais môme
J’avais quoi
Huit neuf ans
Je regardais le catch à la télé
Les gars avaient des surnoms terribles
Le Bourreau de Béthune
L’Ange blanc
Chéri Bibi
La Bête humaine
Le Dragon de Bagnolet
Popoffh le Gitan
De la pure poésie
Je sais bien qu’on n’est plus beaucoup
À aimer la corrida
Le sang sur le sable
Les naseaux écumants
La mort qui tricote
Tous ces clichés qui rendent fous les bobos allergiques au gluten
Et pourtant
Bon Dieu
Le grand Aruzza plantant trois paires de banderilles de poder a poder
Un 18 juin 1944 à Madrid
Alors que la plaza se couvre de mouchoirs blancs réclamant l’estocade
C’est vraiment quelque chose
Et je ne parle pas de Manolete
(qui mourut aveugle)